Les accords directs entre parents

 

Le réflexe premier de parents mal informés est trop souvent de prendre conseil auprès d’un professionnel intéressé par le conflit, alors qu'ils ont eux-mêmes la possibilité et de réaliser leurs accords de séparation sous seing privé.

 

Les accords directs entre parents séparés, sont le mode normal d’organisation de l'autorité parentale et de fixation de la contribution à l'entretien et à l'éducation de l'enfant  (cf loi du 4 mars 2002, code civil art. 371-2, 373-2-2, 373-2-7)

 

Lors des procédures de divorce selon la loi du 27 mai 2004, les accords même partiels sont  possibles à tous les stades de la procédure (Code civil art. 247, 247-1 et 247-2 ).

 

L'intérêt de l’enfant est au maintien du dialogue utile entre ses deux parents séparés qui restent sa famille. La sagesse, à défaut du système judiciaire, commande aux parents responsables et conscients des réalités, de conserver par-devers eux la maîtrise de leur propre vie et de celle de leur enfant. Se mettre d’accord sur ce qui est l’intérêt de l’enfant n’implique nullement que les parents doivent par ailleurs s’entendre parfaitement.

 

Relativement à leur enfant, le statut juridique des parents séparés est le même que celui des parents unis, puisque le droit a généralisé le principe de l’exercice en commun de l’autorité parentale.

 

Cependant, le traitement judiciaire de la séparation est très différent selon le statut du couple : les époux sont tenus d’avoir recours au juge et à l’avocat pour divorcer; les concubins ou pacsés qui se séparent et s’entendent sur l’organisation de leur séparation peuvent le faire par de simples accords privés.

 

Il n’est pas obligatoire de demander au juge d'entériner les accords entre parents, parce qu'ils ont la force de tout contrat sous seing privé entre deux personnes. Comment modifier un accord ? C'est très simple, il suffit d'en faire un autre. Et si l'un ne respecte pas l’accord ? Alors c'est comme pour tout contrat, l'autre peut le faire valoir auprès d'un juge, mais dans la vie courante, chacun se précipite-t-il chez le juge au moindre début de désaccord ?

 

Pour établir cet accord sous seing privé qui restera sous leur responsabilité, les parents peuvent, s’ils le souhaitent, se faire aider par un Médiateur familial, dont c’est le métier, ou par toute personne neutre de leur choix. Le médiateur compétent aborder tous les enjeux de la décision : relationnels, économiques, et patrimoniaux.

 

On peut s’appuyer sur les articles CC 371-1, 371-2, 371-2-2, 371-2-5, 372, 373-2, 373-2-2, 373-2-3, 373-2-5, 373-2-7, 373-2-13. Si utile, une demande d’homologation de la convention sera déposée devant le JAF (art. 373-2-7, 376-1).

On peut également s’appuyer sur les articles 2044 et suivants du code civil : « Des transactions » ( Un code civil « Dalloz » fournit des indications pour une meilleure compréhension des textes )

Depuis 2010, la publication par le ministère de la justice d’un barème indicatif facilite la prise de décision du montant des pensions alimentaires. Voir la note 1

 

Dans tous les cas, le juge doit le prendre en considération l'aptitude de chacun des parents à assumer ses devoirs et respecter les droits de l'autre (article 373-2-11). Le juge doit également tenir compte des accords précédents entre les parents (article 373-2-11 et 376-1).

 

Cependant un gros obstacle aux accords directs reste dans la co-existence de deux modes opposés d’hébergement de l’enfant, qui incite à rechercher l’arbitrage du juge dans l’espoir d’obtenir les avantages liés à la résidence unique pour un parent au détriment de l’autre.

 

Note 1. Cf http://www.vos-droits.justice.gouv.fr/art_pix/table_reference_pa.pdf .

Extrait : « 14 octobre 2010. Pensions alimentaires. Vers une meilleure harmonisation des montants

La récente élaboration d'une grille de référence permet de mieux harmoniser les pratiques des magistrats qui fixent les montants des pensions

En application de l’article 371-2 du code civil, les parents doivent contribuer à l’entretien et à l’éducation des enfants en proportion de leurs ressources. En cas de litige, l’évaluation de cette contribution sous forme de pension alimentaire représente un enjeu particulièrement important pour les familles. Constatant certaines divergences entre les montants alloués d’une juridiction à une autre, le ministère de la justice et des libertés propose désormais une table de référence aux magistrats et aux parties. Après une expérimentation concluante à la cour d'appel de Toulouse, son utilisation est désormais étendue à tout le territoire national.

Ce type d'outil se révèle à la fois utile pour les professionnels du droit en facilitant leur décision, et pour les justiciables en rendant la justice plus transparente et compréhensible par tous. ».

 

 

Bibliographie, et autres références

 

   Modèle de convention : voir « Les nouveaux droits du père » par Claude Lienhard, éd Delmas Express, 2002

 

   Irène Théry : Rapport à la ministre de l’Emploi et de la Solidarité et au ministre de la Justice « Couple, Filiation et Parenté Aujourd’hui »: «  .. la fixation de la pension alimentaire apparaît subjective et aléatoire, les parents ne sont pas informés des mécanismes de fixation, ils ignorent souvent qu’ils pourraient la fixer eux-mêmes et forment des demandes judiciaires qui pourraient être évitées. »

 

   Le Ministre de la famille devant le parlement, le 27/02/01: « … Favoriser les accords amiables entre parents séparés …. Donner toute leur force aux accords pris par les parents, qu’ils soient ou non homologués par un juge : ces accords ont la même valeur juridique que les parents soient ou non séparés. Les différentes administrations doivent en règle générale prendre en compte les accords passés sous seing privé par les parents. …»

 

   Ce qui se fait en Suède. Si les parents sont d'accord sur les modalités d’application de l’exercice de l’autorité parentale, ils peuvent écrire un contrat dont les clauses sont conformes à l’intérêt de l'enfant, à faire reconnaître par le comité des affaires sociales. Le contrat aura alors la même valeur qu'un jugement du tribunal. (Cf la direction générale des affaires sociales, Suède : www.sos.se.)

   .. et au Canada, où des barèmes indicatifs des pensions alimentaires sont publiés.
« … Seulement 35 % des cas de rupture au Québec font aujourd'hui l'objet d'un jugement devant les tribunaux. De ce nombre, environ 15 % seulement exigent qu'un juge ait à trancher. »

( cf dossier Arte le 22 mars 2005 « Quand les pères se vengent », citant Le Quotidien, 4 mai 2004, Statistique Canada )