Ce qui
pose question, dans l’affaire d’Outreau, ce n’est pas tant l’existence des
dysfonctionnements individuels, que leur accumulation au cours d’une même
affaire
Que se
serait-il passé, sans les aveux de la personne à l'origine de toutes les
accusations, puis sans la pression des médias ?
Après
Outreau, une fois l’émotion générale passée, et après les effets d’annonce des
discours lénifiants et verbeux des ministres, qui contrôlera la réalisation
effective de mesures adaptées ? Et surtout, quelles sont les mesures
adaptées ? Le poids des corporatismes sera-t-il enfin contrebalancé ?
La profession d’avocat, sur-représentée dans la
commission d’enquête, se tressera-t-elle à son habitude une couronne
d’altruisme et de vertu ? (Remarquons que la quinzaine d’avocats présents
dans l’affaire n’a vraisemblablement pas manqué de réclamer chacun isolément
des honoraires à son client pour un « service » dont on peut se
demander, vu le résultat, en quoi il consistait !)
S’il a
fallu une telle accumulation de dysfonctionnements pour que le scandale éclate
dans l’affaire d’Outreau, combien y a-t-il de mini scandales dans les 2.000
affaires traitées chaque jour par la Justice des Affaires Familiales dont les
centaines de milliers de victimes isolées supportent les conséquences dans
l’ignorance générale ?
Chaque
année 240 000 personnes doivent se soumettre, sans avoir commis le moindre
délit, à cette justice étrange et opaque, à ce système régi par des codes
légalisant une forme de racket, où la principale règle consiste en un
discrétionnaire « pouvoir souverain d’appréciation » de l’arbitre
selon une « équité » indéfinie « au nom du peuple
français », ce qui en français courant signifie « critère totalement
subjectif selon l’humeur du juge, mais totalement légal ».
Le JAF
face à ses 140 à 200 dossiers mensuels décide sans avoir le temps matériel d’en
prendre connaissance. Il décide nécessairement par une sous-traitance implicite
de son travail aux auxiliaires libéraux intéressés par les honoraires, et aux
experts enquêteurs dont on connaît le sérieux, qui de surcroît sont choisis par
le juge. Bel exemple de dépendance !
La Justice Familiale et ses 15 000 auxiliaires libéraux en un
curieux mélange des genres, avec ses 500.000 procédures annuelles, ne peut être autre chose qu’un nid à dysfonctionnements.
Le premier dysfonctionnement consiste en une ingérence dans la vie
privée de tous les parents (ou couples sans enfants) qui pourraient gérer eux-mêmes leur séparation ;
il consiste à imposer à tous une procédure onéreuse et conflictuelle sous la
tutelle d’un système inadapté à la gestion des séparations familiales. Tout
ceci pour des motifs en grande partie inavoués.
La société doit décharger la Justice des nombreux dossiers où
cette justice n’a rien d’autre à apporter qu’un risque d’erreurs et une source
de conflits avec son cortège de conséquences néfastes pour les familles. La
Justice doit cesser de mettre tous les citoyens sous sa tutelle, de considérer
chaque parent comme un prévenu potentiel. La justice doit cesser cette
ingérence inacceptable dans les familles, consistant aujourd’hui à décider, 9
fois sur 10, que le domicile d’un parent n’est plus celui de son enfant.
Des
références doivent être publiées, qui aident les parents à élaborer eux-mêmes
des accords sur l’exercice de l’autorité parentale et le mode d’hébergement de
l’enfant, à fixer les prestations diverses, à faire évoluer ces accords quand
les situations évoluent, qui permettent de se passer de la Justice, dans la majorité
des cas de séparations de couples où cette justice n’a rien d’autre à apporter
que des problèmes.